Cette rencontre s’est imposée à nous en raison de la spécificité même de Gabès Cinéma Fen consacré aussi bien au Cinéma qu’à l’Art-vidéo . Cette hybridité que nous défendons et assumons – non sans risque parfois sur la lisibilité de l’identité de notre festival - s’origine dans notre croyance en un nécessaire décloisonnement -ne serait-ce qu’au niveau de la programmation- de propositions artistiques diffusées et circulant généralement dans des espaces différents . Ce parti-pris demeure néanmoins problématique et nécessite d’être pensé dans sa globalité et dans ce qu’il recouvre comme promesses et comme apories.
Une coupe transversale des champs du Cinéma et des Arts de l’image couplée à leur mise en perspective historique met en évidence des contaminations réciproques , des dialogues possibles , des hybridations à l’oeuvre et des tensions souvent fécondes pour dire le monde et sa complexité.
Du point de vue des pratiques artistiques , une analyse des trajectoires d’artistes met en avant la propension d’une partie d’entr eux à librement circuler d’une forme d’expression à une autre, d’un médium à un autre entretenant parfois l'ambiguïté quant à leur ancrage dans un quelconque territoire de l’Art.
Il nous semble que ces trajectoires “vagabondes” empruntées par certains artistes ( à partir du cinéma ou de l’Art-vidéo) constituent le point de départ idoine à une problématisation des frontières entre Cinéma et Art- vidéo.
Ce détour par la parole des Artistes est indispensable pour rendre intelligible ce qui motive et rend perceptible ces contaminations , métissages , hybridations , croisements à l'œuvre dans leurs travaux.
C’est en compagnie de Ghassan Salhab et Rabii Mroué que nous entamerons cette rencontre.
Appréhendé sous l’angle de la programmation , montrer le Cinéma et l’Art vidéo ne revient il pas à postuler la caducité des frontières qui les séparent? Projeter l’Art-vidéo dans une salle ( ou un artefact de celle- ci) ne serait- il pas une manière de “Cinématiser” la vidéo et de consacrer une sorte "d'annexionnisme" du Cinéma”?Exposer le cinéma n’induit il pas de le déspécifier? Qui labellise Cinéma et vidéo et en vertu de quels critères? . C’est autour de ces questions que s’articulera le second temps fort de notre rencontre.
En guise de synthèse on questionnera la portée esthétique ( théorie de l’Art, théorie du Cinéma) et politique ( Géopolitique des Arts) de ces croisements possibles entre Cinéma et Art- vidéo
