CURATEUR EL KAZMA RABIH MROUÉ


RABIH MROUÉ RABIH MROUÉ
CRÉDIT: Bobby Rogers

Qu’il soit majeur ou de moindre importance, l’événement ne peut plus être circonscrit à des frontières particulières. L’imbrication et l’enchevêtrement qui caractérisent notre monde rendent impossible toute velléité d’évitement d’un événement quel qu’il soit. Ce qui survient ici est indissociable de l’ailleurs et inversement. Cet enchevêtrement et débridment peuvent être expliqués par plusieurs facteurs mais l’image par sa dissémination et la multiplicité de ses usages est le facteur le plus déterminant.

A tout instant, L’humanité produit un nombre inouï d’images à la dissémination débridée. Ces images constituent notre moyen d’expression majeur et des armes pour mener nos petites et grande guerres . Nous avons tellement abusé des images , les avons tellement dévoyées qu’elles se sont qu’elles se sont retournées contre nous. Ceci est d’autant plus perceptible dans notre monde arabe encore aux prises avec des guerres sans fin et des crises de tout ordre politique, économique, sociale et écologique …

Est- il encore possible dans ce contexte d’ isoler une image d’une autre ? Comment le cinéma peut-il gérer ce dilemme ? en d’autres termes comment monter une image avec une autre ?Sauter d’une image à une autre, comment ré-interroger le Montage et la nature du lien qu’i’instaure avec le spectateur ? Qui est ce spectateur ,quel est son rôle et quels types de responsabilité a-t-il à assumer devant l’image ? Il y a Dans les replis de chaque image mille et une images , vues, connues ou jamais croisées, Images d’hier, images d’aujourd’hui, images- mémoire de notre avenir. Comment alors relier des films entre eux ? et qu’est ce qui rattache les images d’hier à celles d’aujourd’hui et comment se représente-t-on les images de demain ? Une vie sans images est -elle envisageable ? Quelles conséquences pourraient induire le renoncement aux images ?A quoi ressemblerait une vie sans images ? l’Image-Miroir, l’Image-Moi l’image-Autre, l’image -Mémoire l’image- Témoin
l’image - Mouvement, l’Image-Mort..’

Le programme que nous présentons est consacré aux usages politiques de l’image . Il comprend des films traitant de questions politiques et d’événements historique que la région moyen-orientale a connus durant la deuxième moitié du siècle dernier et dont les effets continuent à impacter notre présent.

Parmi les questions abordées par les films du programme on compte :
Les otages et le disparus entre Réalité et fantasme
Le terrorisme et sa relation avec les mouvements révolutionnaires internationaux
La propagande politique et sa machine
La photographie en ayant qu’instrument du Néo- colonialisme
L’idéologie et les utopies révolutionnaires
L’image entre construction et destruction
L’identité entre l’individuel et le collectif
Les théories du complot et la paranoïa du pouvoir
Le martyre entre retrait de la vie et mort différée.

Ce qui réunit Les onze réalisateurs au programme de la section vidéo de GCFEN est leur propension à proposer une réfléxion personnelle et à explorer le théme de l’image en interrogeant le médium en tant que tel que ce soit du point de vue du Cinéma que de la Vidéo.

Les films au programme partagent des démarches similaires consistant à soumettre le récit à une analyse resserrée visant à en déconstruire les images produites et les éléments de langage mobilisé pour déployer un propos : Le recours au mot écrit ou articulé, la continuité et le découpage, les mouvements de caméra et les échelles du plan, la musique et les effets audiovisuels etc … Critiquer et s’autocritiquer , remettre en question nos postulats, débattre plutôt que juger, provoquer la réflexion en évitant tout pathos, préférer le divers et le multiple aux dualités, tout ceci concourt à instaurer ce dialogue serein et constructif de nature à nous permettre de mieux comprendre notre présent ou comme le dit Jalel Tawfik de” ne plus chercher à intellectualiser". Aux antipodes de toute passivité, le spectateur auquel s’adressent les films du programme est émancipé et actif.

Pour terminer, je voudrais remercier la direction du Festival de la confiance qu’elle a placée en ma personne, les réalisatrices et les réalisateurs d'avoir répondu à mon invitation à participer à ce festival exceptionnel, et enfin je voudrais remercier le public pour sa présence et sa participation .
Au revoir
Rabih Mroué